Les peintres romantiques s'inscrivaient contre le néoclassicisme qui devenait de plus en plus codé Ils revendiquaient une peinture des émotions, des sentiments et prônaient l'importance de l'imagination dans le processus créatif d'une oeuvre.
Le cauchemar, 1791
Füsli ne se voulait pas romantique, mais il partageait avec le mouvement une volonté de représenter la force de l'expression. Dans cette oeuvre, se manifeste son goût pour les scènes d'imagination. Il s'agit d'une peinture noire qui s'adresse aux sentiments noirs. Füsli nous fait complice du mal dans cette oeuvre. La femme a un corps aux formes très allongées, rappelant un peu la manièrisme. Füsli insiste grâce à un clair/obscur sur la musculature de la femme, à la manière de Michel Ange.
Parc de Petworth, Turner (1830)
Avec cette oeuvre qui met en cause la stabilité de la vision classique en perspective, Turner suggère l'immensité du paysage, qui est un thème sublime et donc romantique. Le paysage est pur, sans anecdote historique.
Le moine au bord de la mer, Friedrich. 1810
Cette oeuvre a choqué par sa représentation d'un vide. Friedrich suggère l'infini de la création, l'angoisse que l'on peut ressentir face à l'infini. A travers la profondeur immense de ce tableau, on approche le mystique.
Le songe de la raison engendre des monstres, Goya. 1799.
Il y a dans cette oeuvre une condamnation de la superstition. Goya admet que même l'artiste peut être abandonné de la raison et que son imagination peut créer des monstres. L'oeuvre est angoissante et de caractère fantastique même si les monstres appartiennent au monde réel.
Dos de mayo, Goya. 1814.
L'oeuvre représente le soulèvement de Madrid contre les français. On est très loin du néoclassicisme avec cette représentation du mouvement, cette composition confuse, construite sur des courbes. Goya travaille par tâches ou plans, avec des parties sombres et claires. On note l'importance de la couleur, notamment du rouge (sang) qui illustre la cruauté du combat.
3 de Mayo, Goya. 1814.
L'oeuvre représente l'écrasement des espagnols par les français. Il s'agit d'une peinture d'une exécution, d'un moment qui prend une valeur universelle (ce en quoi c'est romantique). On note des éléments de fantastique dans ce groupe qui a l'air sans fin. Le peloton d'exécution est sans visage et forme une masse quasiment mécanique.
Saturne dévorant un de ses enfants, Goya. 1823.
Dans cette oeuvre, la mythologie classique est enlaidie, comme elle n'a jamais été représentée. L'oeuvre est d'une violence extrême, Goya n'hésite pas sur l'horreur. D'un point de vue plastique, l'oeuvre est également très intéressante : la matière est épaisse, avec de nets coups de brosse.
Ophelia, Millais. 1852.
Les peintres romantiques s'inspirent également de la littérature, comme c'est le cas avec cette oeuvre de Millais qui est allé chercher Hamlet de Shakespeare. Ophélia aime Hamlet mais celui-ci pour simuler la folie la rejette et par accident, tue son père. Ophélia devient folle et se noie. Millais a travaillé avec un grand sens du détail. La jeune fille a les yeux ouverts et ne semble pas effrayée par la perspective de mourir. Le bouquet de fleurs cueillies font penser à une couronne mortuaire. Par ailleurs les fleurs sont d'ores et déjà fanées, comme un funeste présage. Cette fascination mortuaire est une caractéristique du romantisme.
Le Radeau de la Méduse, Géricault. 1819.
Avec cette oeuvre, Géricault met de coté la peinture historique pour la peinture d'un fait divers. On note un effet de réalisme et un refus de la convenance propre au néoclassicisme. Le sujet noir (avec les cadavres sur la gauche, le désespoir omniprésent) , le jeu sur le clair/obscur et la valeur universelle sont les éléments qui inscrivent l'oeuvre dans le mouvement romantique.